- ARYA-SAMAJ
- ARYA-SAMAJRYA-SAM JExpression sanskrite qui veut dire «Société aryenne», rya-Sam j désigne un des mouvements réformateurs les plus originaux qui se manifestèrent au XIXe siècle à l’intérieur de l’hindouisme. Son fondateur, M la Shankar, qui prit plus tard le nom de Day nanda Sarasvat 稜 (1824-1883), appartenait à une famille de brahmanes orthodoxes du K thi wâr (extrême ouest de l’Inde); il reçut donc dans son enfance une éducation traditionnelle et eut très tôt à s’occuper du culte. Il aimait à raconter plus tard que c’est en voyant, au cours d’une veille dans un temple, les rats dévorer les offrandes préparées pour Shiva qu’il eut pour la première fois des doutes sur la majesté de ce dieu. À l’âge de vingt ans, il abandonna le foyer familial, la veille même de son mariage, et se fit renonçant (samny sin ou s dhu ). Errant sur les routes de l’Inde, mendiant sa nourriture, il chercha pendant une dizaine d’années le maître spirituel (guru ) qui pût lui convenir. L’ayant découvert à Mathur , il étudia avec lui le Véda, qu’il savait déjà par cœur, mais dont son guru lui enseigna le sens secret. À partir de 1863, celui que l’on appela désormais de son nom d’inité Day nanda Sarasvat 稜 décida de se vouer à la prédication de la «pure doctrine védique». Pour cela, il fonda à Bombay, après de multiples pérégrinations, une société nouvelle, qu’il appela rya-Sam j à l’imitation avouée du Brahmo-Sam j de R m Mohan Roy (mort en 1833).Simultanément, il publie un livre (le Saty rtha Prakash ) qui est une sorte de manifeste et où il explique que l’hindouisme moderne n’est qu’une abominable idolâtrie polythéiste en contradiction formelle avec ce qu’il appelle le «monothéisme absolu» du Véda. À l’objection arguant du fait que ce dernier recommande l’adoration liturgique de dizaines de dieux différents (et parfois rivaux) Day nanda répond que ces prétendus dieux ne sont que des fictions poétiques, représentant les forces naturelles soumises, en fait, au Dieu unique. Quant aux divinités modernes (Shiva, Durg ...), elles relèvent des Pur nas, qui ne sont à ses yeux que des recueils de contes de fées. Il était difficile d’être plus radical dans la critique de la religion des contemporains, et l’on comprend que Day nanda ait eu le plus grand mal à se faire entendre.L’ rya-Sam j eut cependant suffisamment d’adhérents (principalement au Penj b) pour être amené à créer des filiales, telles l’ rya-Sam j pour les femmes, l’ rya-Sam j pour les jeunes, etc., sans compter des maisons d’édition (telle l’ rya Tract Society) et surtout des institutions charitables (notamment la Vedic Salvation Army). L’impact de la propagande de l’ rya-Sam j fut pratiquement nul dans les couches populaires; il fut au contraire, important dans les milieux intellectuels. Son influence atteignit principalement les pandits orthodoxes, dont l’amour du Véda se trouvait ainsi justifié, de même que leur mépris instinctif pour les dévotions populaires. Se perpétuant jusqu’à nos jours, l’influence des idées de Day nanda Sarasvat 稜 s’exprime en une floraison d’ouvrages fantastiques où l’on explique doctement que les auteurs du Véda étaient possesseurs de secrets extraordinaires énoncés en termes voilés. Ces ouvrages prétendent que, pour qui est initié à la lecture «ésotérique» du Véda, il est évident que les rishis (les «prophètes» auteurs du Véda) du \ARYA-SAMAJ IIIe millénaire connaissaient la bombe atomique, les rayons X, la télévision, l’aviation. De plus, ce sont eux, toujours d’après ces ouvrages de propagande, qui ont apporté la civilisation au reste du monde: Aztèques, Incas, Mayas, Chinois, Japonais et bien d’autres doivent tout aux sages védiques. De la même façon, les enseignements de Confucius, de Zoroastre, de Jésus, de Mahomet ne seraient que l’écho déformé des révélations transmises à ceux-ci par des rishis védiques agissant comme les «supérieurs inconnus» de la tradition ésotérique occidentale. Sans doute Day nanda aurait-il condamné ces excès, qui étaient, toutefois, en germe dans ses ouvrages.
Encyclopédie Universelle. 2012.